This is the first of two lectures organized by Fanny Dargent who has a longstanding interest in adolescence and its problems and the dangers of psychotropic medication, along with Ariane Denoyel, who has authored the French version of this lecture below, and is the author of Génération Zombie, the leading book in French on these issues.

The talk centres on the case of Romain Schmitt.  For a more complete version of his story see Un antidépresseur a-t-il tué Romain ?

The second lecture looks at the bigger picture and goes so far as to rewrite the Creation Myth.  It is at From the French Revolution to A.I.

Nina Otulakowski created the compelling artwork for Qu’ils Mangent des Médicaments.

Slide 2:          Romain Schmitt n’avait que 16 ans quand il est mort – en se plaçant devant un train. Un beau garçon, l’air sympathique, qui avait beaucoup d’amis – probablement quelqu’un que vous auriez apprécié. Pour des problèmes d’abord très mineurs, il a été mis sous Deroxat et la situation est partie en vrille, sans que le système qui a conduit à cette situation soit remis en question. Le système – c’est-à-dire nous – n’a pas compris qu’il était lui-même à l’origine du problème – que nous sommes le problème – plutôt qu’un trouble inhérent à Romain.

Romain Schmitt was only 16 when he died – stepping in front of a train. He is handsome, looks friendly and had lots of friends – he looks like someone you would like to meet.  He had very minor problems to begin with but was then put on Deroxat and things escalated out of control. The System – that is US – was unable to recognize that it was the problem – that We are the Problem – rather than any condition in him.

Slides 3:   Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, un organisme public chargé de conseiller les services du Premier ministre en France, a publié voici quelques semaines un rapport dénonçant l’inquiétante surmédication dont font l’objet nos enfants et adolescents, et le fait que cela ne repose pas sur des données scientifiques. Plusieurs médias ont évoqué ce rapport et des groupes de pédopsychiatres ont réagi fortement.

A few weeks ago there was a major fuss when this document issued by an advisory board to the Prime Minister of France was reported in several newspapers. The document claimed that children and teens were heavily over-medicated and this was not evidence based. It triggered strong reactions from child psychiatrists.

Slide 4:        Il s’est écoulé près de deux ans depuis la mort de Romain. Aujourd’hui, une partie des professionnels de santé mentale santé français semble reconnaître que les choses vont mal mais peine à identifier le problème. Ils se prononcent, comme le HCFEA, en faveur de plus de thérapie et moins de médicaments. Cela semble raisonnable, pourtant, cela risquerait d’empirer la situation.  Mais Romain et ses parents ont commencé par suivre des séances de psychothérapie.

Since Romain’s death nearly 2 years ago, the French System seems to recognize it has a problem but doesn’t seem to know what the problem is. The System wants to give children more therapy rather than more drugs. This sounds reasonable but it is a measure of our denial that we cannot see that this risks making things worse.  Romain and his parents began with psychotherapy sessions rather than drugs.

Slide 5:         Yoko et Vincent, parents de Romain, que vous voyez sur cette photo prise voici quelques années, essaient d’établir la vérité sur la mort de leur fils mais le système français refuse de les entendre.

Romain’s parents – Yoko and Vincent whom you see here are also here this evening.  They have done heroic work to establish what happened and at each turn have been confronted with and perplexed by the ability of the French System to deny there is any problem.

Slide 6:            Un an après la mort de Romain, le New York Times a publié un article sur des adolescents américains qui se retrouvaient sous 10 psychotropes, voire plus. Des centaines de personnes ont souligné la pertinence de cet article – même le New York Post, qui d’habitude n’est jamais d’accord avec le New York Times. Mais même s’il existe un consensus autour du constat, personne n’identifie l’origine du problème. Cette conférence tente d’éclairer cet aspect.

A year after Romain’s death, the New York Times had a feature about American teenagers ending up on 10 or more psychotropic drugs.  Hundreds of people commented on the accuracy of the article – even the New York Post, who never agree with the Times.

But while everyone agreed on the state of affairs, no one has pinpointed why this is happening. This lecture will shed light on what is happening.

Slide 7:           La succession d’événements qui a amené nos enfants à prendre ces médicaments et qui a tué Romain a commencé voici 30 ans avec cet article. Trois cliniciens y affirmaient que la fluoxétine avait poussé 6 personnes à devenir suicidaires. Leur affirmation reposait sur une analyse approfondie des cas et suivait les approches cliniques traditionnelles pour déterminer la cause et l’effet. Cet article concerne les adultes – les auteurs ne mentionnent pas qu’ils avaient également constaté cet effet chez un garçon de 14 ans, qui s’était suicidé sous Prozac.

The chain of events that led to our children being put on these drugs and that killed Romain began 33 years ago with this paper, in which 3 clinicians claimed fluoxetine caused 6 people to become suicidal. Their claim was based on analyzing the cases closely and followed traditional clinical approaches for determining cause and effect.  This paper is about adults – the authors don’t mention is they had a 14 year old boy who killed himself on Prozac.

Slide 8:           Environ 20 autres groupes ont rapporté des résultats similaires, y compris ce groupe de Yale qui a découvert qu’un enfant sur sept devenait suicidaire.  J’ai contribué à ce débat, décrivant les cas de deux hommes, placés sous ISRS, chez qui on arrête le traitement puis on le réinstaure. Cette méthode permet de mettre en évidence la responsabilité de la fluoxétine : aucun autre facteur ne peut expliquer les pulsions suicidaires. C’est la médecine fondée sur l’évidence.

About 20 other groups reported similar findings, including this group from Yale reporting on children becoming suicidal. They found 1 in 7 children became suicidal.  I contributed to this debate, outlining the cases of 2 men, challenged with an SSRI, then dechallenged and rechallenged.  There was no other way to explain what happened except that fluoxetine had caused it.  This is Evident Based Medicine.

Slide 9:       Eli Lilly (les fabricants du Prozac)  a répondu, a affirmé qu’une analyse de leur base de données d’essais cliniques n’a montré aucune preuve que la fluoxétine rendait les gens suicidaires. Les événements rapportés étaient regrettables mais constituaient des cas isolés. Or plusieurs cas isolés ne veulent rien dire ; plusieurs anecdotes ne constituent pas une donnée. La dépression était le problème, pas la fluoxétine. Les essais cliniques sont la science des causes et des effets. La question alors posée aux médecins, au public, aux médias, aux politiciens était : Allez-vous croire la science ou les anecdotes ? L’article de Lilly a créé ce que nous appelons maintenant la « médecine fondée sur les preuves ».

Mais pourtant, l’accumulation d’anecdotes finit par devenir des données – sinon Google ne fonctionnerait pas. Dans les études menées par les sociétés pharmaceutiques sur des volontaires sains, dire que la dépression est à l’origine des tentatives de suicide et des suicides est un non-sens.

Mon objectif est de vous montrer que les articles antérieurs, reposant sur l’évidence, sont de la science – l’article de Lilly est l’artifice. La société Lilly a truqué ses essais cliniques – quand vous accédez aux vraies données, vous constatez que le lien entre Prozac et suicide y apparaissait clairement. Sachez que les vraies données de Lilly confirment les conclusions auxquelles vous et moi arrivons en analysant l’évidence.

À mes yeux, même s’ils étaient mis en œuvre par des gens totalement dépourvus de biais, ou par des anges, les essais cliniques randomisés (ECR) ne resteraient qu’un moyen assez grossier d’évaluer les substances. Le meilleur instrument, ce sont nos appréciations, nos analyses des situations. Donc quand Lilly dit, en substance, que ni vous ni moi ne sommes fondés à exercer notre jugement rationnel au sujet de décisions qui engagent nos vies, cela me pose un problème : cela signifie que nous n’avons pas le droit de faire de la science.

On pourrait presque dire qu’ils promeuvent une nouvelle religion, dans laquelle vous et moi devons croire tout ce qu’ils nous disent. L’encens des chiffres est intégré à l’encensoir qu’on agite devant les nouveaux sacrements : des médicaments comme les antidépresseurs.

Les chiffres donnent à cette nouvelle « religion » un vernis scientifique mais ce n’est pas de la science. Vous en tant que patients et moi en tant que docteur, nous formons des opinions et nous opérons des choix au sujet des médicaments. Ce n’est pas possible de standardiser ce processus. Nos jugements rationnels ne prenant pas la forme de chiffres, ils peuvent ne pas sembler scientifiques, mais pourtant, ils le sont.

On oppose souvent les arts et les sciences, comme la médecine. Les personnes issues des sciences humaines opposent leur riche contexte qualitatif au contexte expérimental, dans lequel les sciences « dures » éliminent les facteurs de confusion. Cette publicité de Janssen fait comprendre aux médecins que se situer du côté « doux » des choses est un peu daté – très XXe siècle.

Je pense que la médecine est une science consistant à faire des choix difficiles. Un artifice – comme le recours à un algorithme – constitue une solution « douce » et nous condamne. Par nous, j’entends la possibilité de faire société. Se fier à l’artifice isole et éloigne les médecins et les patients de cette possibilité.

Porter des jugements sur un médicament n’est pas seulement de la science – guérir les gens comporte un but d’ordre moral. Le fait d’utiliser des antidépresseurs est a-moral.

Eli Lilly, the makers of Prozac, responded by claiming that an analysis of their clinical trial database showed no evidence fluoxetine made people suicidal.  The cases reported were sad but anecdotal and the plural of anecdotes is not data. Depression was the problem not fluoxetine. Clinical trials are the science of cause and effect. The question to doctors, the public, the media, politicians was – are you going to believe the science or the anecdotes?

Lilly’s article created what we now call Evidence Based Medicine.

In fact, the original phrase is the plural of anecdotes is data – otherwise Google wouldn’t work.

The idea the disease was responsible for suicide attempts and suicides in the healthy volunteer studies pharmaceutical companies have done is unbelievable.

My aim is to show you the Evident Based earlier papers are the science – the Lilly paper is the Artefact.

Lilly cooked their clinical trials – when you see the data you find that even their trials showed Prozac caused suicide.  It’s important that you know in fact Lilly’s Data lined up with your and my Evident Based judgement calls.

Having said that, even if done by Angels, my position is that RCTs can be useful but are a very blunt instrument compared to the sensitive judgement calls you and I have to make.  They give average effects which tell us nothing about you.

My problem is that Lilly are saying here that you and I have no right to make judgement calls that may be critical to saving our lives – no right to do science.

This may sound a strange way to put it but Lilly are proposing a new religion – one where you and I have to believe in them and the average rather than the individual.

This religion adds the incense of numbers into the thurible used to adore the new sacraments -drugs like the antidepressants.

Numbers make this look like a marriage between religion and science but isn’t. You as patients and I as a doctor make judgments and choices about medicines – these cannot be standardized. Our judgements don’t come with numbers and do not look like science but they are.

We often contrast the Art and Science of Medicine. Those in the soft human sciences contrast their rich qualitative context with the experimental context, where hard scientists eliminate confounders. My argument is the Science of Medicine lies in making hard judgement calls. An Artefact – a made by algorithm approach – dooms Us. By Us I mean the chance of a relationship. Following the Artefact isolates and alienates both doctors and patients from Us.

Making judgments about a medicine is not just science – healing people is a moral enterprise. Simply using antidepressants is amoral.

Slide 10:        On considère parfois que la science est véritablement née vers 1660 au sein de la Royal Society, au moment où cette dernière a déclaré qu’elle ne traitait pas de théologie ou de philosophie – simplement de questions qui pouvaient être résolues avec des données. Que vous soyez chrétien, hindou, juif, musulman ou athée, vous devez laisser cette partie de votre identité à la porte et devez analyser l’expérience que l’on vous présente sans faire appel à un livre ou à une autorité. Vous pouvez relancer l’expérience, adapter les dispositifs, vérifier les astuces – mais vous ne pouvez pas refuser d’analyser les données et de vous prononcer à leur sujet.

There were many important tributaries to science – one of which took place in 1660 with the foundation of The Royal Society, which famously said they did not deal with theology or philosophy – simply with questions that could be settled with data. Whether you were Xtian, Hindu, Jew, Muslim, or Atheist, you left these badges at the door and had to explain what you saw happening in the apparatus in front of you without appealing to a Book or Authority. You could run the experiment again, adapt the apparatus, check it out for tricks – but you couldn’t refuse to come to a Verdict about the data.

Slide 11:         Un événement tout aussi important était survenu 44 ans plus tôt, lorsque Walter Raleigh e eu la tête tranchée en Angleterre, prétendument parce qu’il était trop proche de ces satanés Européens. Raleigh a été reconnu coupable à partir de récits que des personnes qui ne se sont pas présentées au tribunal pour être contre-interrogées ont tenus à son sujet.

Les systèmes juridiques du monde entier ont reconnu l’injustice d’un tel procédé et ont imposé des règles de preuve. Le ouï-dire ne pouvait pas être considéré comme preuve. La seule preuve recevable devant un tribunal sont des éléments que l’on peut présenter à des jurés qui peuvent voir les personnes interrogées et contre-interrogées, les documents analysés et contre-analysés. Le processus consistant à forcer 12 personnes avec des préjugés très différents à se prononcer sur ce qui se trouve devant elles est l’essence même de la science.

Les verdicts et les diagnostics sont provisoires : ils sont le point de vue qui correspond le mieux aux faits actuels. Si les faits changent, nous nous réservons le droit de changer d’avis. Cela peut sembler incompatible avec l’objectivité de la science, mais les points de vue scientifiques sont provisoires. Les scientifiques tentent d’infirmer leurs conclusions à l’aide de nouvelles données.

Si, voici des années, j’ai donné un ISRS à Fanny et qu’elle est devenue suicidaire, je peux l’examiner et la contre-interroger, effectuer des tests de laboratoire et des scanners, augmenter la dose, arrêter le médicament, ajouter un antidote, vérifier auprès de mes collègues si quelqu’un d’autre a vu cela se produire ou s’il peut l’expliquer autrement que par le médicament.

Si Fanny et moi concluons que le médicament est à l’origine du problème et que nous le signalons à l’EMA (agence européenne du médicament), la première chose que fera l’EMA sera de supprimer son nom du compte rendu avant de l’archiver. Personne ne pourra désormais l’examiner ou la contre-interroger et parvenir à un avis scientifique sur l’existence ou non d’un lien. Le préjudice qu’elle a subi a été transformé en ouï-dire. Si, comme Yoko ou Vincent, vous avez un enfant qui se suicide à cause d’un de ces médicaments et que vous dites qu’il existe des milliers de rapports de suicides dus aux ISRS dans le système de notification des effets indésirables de l’EMA, on vous dira que vous ne pouvez pas faire état de cette preuve au tribunal parce que personne ne peut être traduit en justice. Il s’agit de ouï-dire et non de preuves.

Les essais cliniques des entreprises sont tous des ouï-dire. Dans les essais des entreprises, personne ne peut être traduit en justice pour témoigner – les patients n’existent pas toujours et même les auteurs qui apparaissent comme signataires des articles ne les ont pas écrits, comme vous le verrez.  Maintenir votre nom est important. Les données, c’est vous.

Si vous pouviez obtenir de votre médecin qu’il rapporte le cas de votre enfant dans une revue médicale, avec votre nom, lui et vous pourriez témoigner en justice. C’est la meilleure preuve dont nous disposons actuellement en psychiatrie clinique.

This account of our history overlooks an equally important event 44 years..

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *